lundi 19 novembre 2007

"Sauvons la planète": L'appel des scientifiques aux maitres du monde

La Terre va mal. Ce n’est certes plus un scoop d’affirmer cela à l’heure actuelle mais, il semblerait que ce ne soit pas encore bien rentré dans la tête de tout le monde. Il y a urgence. Les ressources vitales se dégradent et s’épuisent. Nous imposons un rythme de consommation trop effréné à la planète, et pourtant, on ne cesse de parler d’augmentation de croissance et de consommation. Pour ceux qui sont encore sceptiques, il suffit de pointer le nez dehors pour constater que la planète est en train de se détraquer un peu partout. Quand la prise de conscience aura-t-elle réellement lieu ? N’est-il pas déjà trop tard ? Pourquoi les décideurs, qui se déclarent tous très préoccupés, brillent par leur inaction et leur mollesse ?* Pourquoi hésite-t-on encore ? Lançons-nous ! Ce ne sont plus les informations et les constats alarmistes qui manquent. En moins de deux semaines, deux rapports de références de la communauté scientifique viennent encore de sortir. Le constat est toujours aussi alarmant mais, nouveauté : ces rapports sont accompagnés de résumés à l’attention des décideurs. Messieurs les maîtres du monde, on vous a même prémâché la tâche: allez, un petit effort…

La 27e session de l’IPC (International Panel Comitee) du GIEC (Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat), à Valence du 12 au 17 novembre vient d’adopter son quatrième rapport sur le réchauffement climatique et ses conséquences. Le GIEC met en garde le monde contre le « risque d'effets soudains ou irréversibles » du changement climatique et des dérèglements qui en découleront. Ce rapport, réalisé par plusieurs milliers de chercheurs du monde entier, est considéré comme une référence mondiale sur le réchauffement climatique. Une véritable bible. Même si des observateurs soulignent en coulisse les résistances de certains (surtout la Chine, l’Inde et les Etats-Unis), on accorde beaucoup d’importance au texte approuvé à Valence. Le président du GIEC, l’Indien Rajendra Pachauri, approuve : «Avec un tel consensus autour de ce texte, les sceptiques devront réfléchir à deux fois avant de le nier.» Les experts estiment que la balle est désormais dans le camp des politiques, notamment en matière de réduction de gaz à effet de serre. Sans un élan positif global de la part des plus grands pollueurs (Etats-Unis, Chine et Europe en tête), tous les efforts pour limiter le réchauffement de la planète seront vains. Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations unies (ONU), a rappelé l’importance du prochain sommet des Nations unies pour le Climat à Bali, dans trois semaines, qui doit préparer l’après-Kyoto.
Ce rapport fait suite à la présentation, il y a quelques semaines, par l’UNEP (United Nation Environnment Program) de son nouvel ouvrage, GEO 4, qui reprend les principales données sur l’état environnemental de la planète. Des données qui ne sont guères rassurantes…

Combien de rapports alarmistes faudra-t-il encore avant que l’on se bouge enfin ?
En guise de conclusion, voici quelques-uns des problèmes environnementaux à l’échelle mondiale, que l’humanité se doit de prendre à bras le corps dès maintenant (bien qu’il soit déjà très tard) si elle ne veut pas hypothéquer son avenir…

Changement climatique
Le réchauffement climatique est en marche. La température moyenne du globe a augmenté de 0,74C° au cours du siècle dernier et, les 11 dernières années, font partie des 12 années les plus chaudes jamais enregistrées. Les scénarios projettent une augmentation allant de 1,8 à 6,1c° d’ici 2100 selon le niveau des émissions de gaz à effet de serre imputées aux activités humaines. Pour la communauté scientifique, le seuil à ne pas dépasser tourne autour des 2 c°. Au-delà, les conséquences pour la planète seraient désastreuses. L’adaptation aux changements climatiques est donc inévitable et pour enrayer le processus à plus long terme, il conviendra de diminuer de 75 % les émissions mondiales à l’horizon 2050.
À défaut, tous les efforts mis en place pour éradiquer la pauvreté pourraient être balayés par les conséquences du réchauffement climatique. Sécheresses, inondations, canicules, fonte des glaces. Autant de symptômes déjà visibles aujourd’hui, mais qui pourraient s’accentuer dans le futur. Le danger qui guète l’approvisionnement en eau et la sécurité alimentaire affecterait des centaines de millions de personnes, de même que la montée des eaux dans les zones côtières.

Biodiversité
Elle représente toutes les formes de vie sur terre, que ce soient les plantes, les animaux, les habitats ou, même des écosystèmes ( comme les forêts). La bonne santé d’un écosystème est primordiale: l’existence des êtres vivants et celle de l’homme en dépendent.
Aujourd’hui, l’évolution de cette biodiversité dépend largement de l’action humaine. L’augmentation de la pression humaine sur les écosystèmes est directement liée à la hausse continue de la population mondiale, à l'urbanisation galoppante et, à l'activité économique (cultures, pêches). Les écosystèmes sont complètement modifiés par l’homme et voient leur existences hypothéquées. On estime à 16.000 le nombre d’espèces animales et végétales menacées d’extinction, soit un tiers des espèces connues. Elles disparaîtraient d’ici la première moitié du siècle, soit dans moins de cinquante ans ! Grands singes, cétacés, amphibiens,... aucune famille ne semble être épargnée. Certains scientifiques n’hésitent pas à annoncer le début de la sixième plus grande vague d’extinction que la planète n’ait jamais connu.

Eau
L’eau constitue un des principaux enjeux du XXIe siècle, tant au niveau de sa qualité que de sa disponibilité. La pollution intense de 60% des grands fleuves et la dégradation des écosystèmes marins affectent directement la santé humaine. À l’échelle mondiale, la contamination de l’eau, due aux déchets industriels et ménagers, tue 3 millions de personnes (principalement des enfants), chaque année, dans les pays en voie de développement. Les eaux côtières contaminées par les eaux usées causent plus de 1,2 milliard de cas de maladies gastro-intestinales et 50 millions de maladies respiratoires par an.
Près de 3 milliards de personnes n’ont pas accès à une eau de qualité, quand ce n’est pas à l’eau tout court ! L'eau justement: c’est toute l’humanité qui pourrait un jour en manquer. Les ressources d’eau douce disponibles continuent à décliner en raison d’une utilisation excessive de l’eau de surface et des nappes phréatiques (l’eau qui se trouve dans le sous-sol). L’agriculture représente à elle seule 75% de la consommation d’eau potable. Parallèlement, l’augmentation des sécheresses et la fonte des glaces, amplifiées par le réchauffement climatique, accroissent les risques de manque d’eau.

Air
La pollution atmosphérique, en particulier celle causée par les particules fines, ne cesse de croître au niveau mondial. L’atmosphère des mégapoles et bidonvilles des pays en voie de développement est irrespirable : la combustion du kérosène, charbon ou biomasse. Ceci cause la mort prématurée de 2,5 millions de personnes chaque année, essentiellement des femmes et des enfants.
Principal responsable pointé du doigt : le secteur des transports. Il est le témoin du développement effréné de l’économie mondiale mais, il contribue activement à l’explosion des émissions nocives dans l’air. Depuis 1987, le nombre de voitures a doublé sur Terre. Le transport aérien a augmenté de 76% depuis 1990. Petit point positif dans ce sombre constat, la qualité de l’air. On estime qu’elle s’est sensiblement améliorée dans les régions les plus développées. Dans la plupart des grandes villes occidentales, l’air est devenu plus respirable, sans être toutefois parfait. L’augmentation de l’ozone dans l’hémisphère nord diminue fortement le rendement des récoltes. Le coût de cette perte est évalué entre 6 et 12 milliards de dollars et la sécurité alimentaire est menacée.

* L’orange bleue est toutefois excusée pour son peu d’intérêt sur la préservation de l’environnement. Ses priorités politiques (ou intérêts personnels) en matière de gain territorial et de "gueguerres" linguistiques méritent bien mieux que la sauvegarde des générations futures.

J.A.

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